Les démarches classiques d’analyse des systèmes complexes et de
maîtrise des risques globaux ont montré depuis longtemps leurs
limites :
il est difficile de contrôler l’exhaustivité des interactions
conditionnant le comportement souhaité ou non souhaité d’un
système, même lorsque cette exigence d’exhaustivité est ramenée
à une notion de complétude,
les approches d’Analyse Fonctionnelle et Dysfonctionnelle
permettent de cibler les flux d’interaction ou de dépendance qui
ont un sens par rapport aux finalités du concepteur, mais elles ne
couvrent pas la totalité des flux d’interaction potentiels
susceptibles, par exemple, de contribuer à la production de
situations dangereuses,
ces analyses descendantes ou ascendantes, suivant le niveau
d’avancement des projets auxquels elles s’intègrent, reposent sur
la mise en oeuvre de logiques de découpages, et l’utilisation de
langages de modélisation qui ont peine à appréhender des points
de vue de granularité hétérogènes, tout en garantissant une
cohérence absolue,
la juxtaposition, voire l’intrication de composantes de natures
extrêmement diverses : technologique, hardware ou software,
humaine, organisationnelle, environnementale laisse peu présager
de la réussite de modélisations ‘’unifiées’’ intégrant ces couches de
natures différentes qu’on voudrait soumettre à des référentiels
formels, syntaxiques et sémantiques communs.
Cette énumération pourrait se prolonger sur d’autres aspects et met en
évidence la nécessité d’explorer d’autres approches méthodologiques
susceptibles de s’affranchir de ces limites.
Ce sera l’objectif de cette journée consacrée à la présentation d’autres
démarches méthodologiques, notamment celles se situant dans le
sillage de la Méthode de Conceptualisation Relativisée.
Ces approches ‘’remettent à plat’’ la notion ontologique de système et
de connaissances relatives à un système, notamment en mettant en
évidence les aspects suivants :
la préexistence d’un référentiel de connaissances absolu est un
leurre majeur attaché aux méthodes classiques : le processus de
construction d’une ‘’représentation’’ attachée à un système est une
démarche multiple, intégrant la notion de points de vue
différenciés et nécessitant de ‘’démêler’’ l’intrication des
nombreux angles d’analyse applicables à ce système,
ce processus de ‘’co-constitution’’ exige plusieurs types de
constructions élémentaires intégrant différentes parts de connus
ou d’inconnus, notamment les ‘’treillis’’ d’interaction décrivant les
modalités d’échange et de partage de ces processus de
construction.
Ces connaissances se construisent souvent au départ à partir d’un
ensemble indifférencié ‘’technique / science / culture’’, à travers la
projection de points de vue ‘’orthogonaux‘’ projetés sur une réalité coconstituée ; en effet, sans la relativisation issue de la physique,
l’intuition humaine souvent riche en enseignements devient un
obstacle ; on est en présence de systèmes de représentation régulés, la
connaissance technologique se situant en prolongement de la
perception initiale des inter-acteurs humains (concepteurs, fabricants,
maintenanciers, ...), mais se détachant et subissant des confrontations
avec les systèmes d’attente mentale et psychique qui ont précédé leur
production ...
Des questions concrètes seront traitées :
qu’est-ce qu’un système : comment le co-constituer ?
qu’est-ce qu’un état, quelle est la différence entre des
approches statistiques et probabilistes ?
comment procéder à l’invention de prise de connaissance et
passer de modèles a-temporels à des probabilités factuelles ?
Ces remises à plat seront illustrées, pour être intelligibles, à l’aide
d’exemples concrets traitant de modèles de dangers, d’artefacts
techniques, en passant par les modèles d’usages ; les champs d’action
seront évoqués à travers toute leur richesse, du point de vue industriel
à la psychologie des concepteurs ou des utilisateurs, de l’évènement
technique élémentaire à la situation de danger globale.
Ces exemples suivront une description mathématisée et formulée de
manière précise qui montrera, entre autre, que ce processus de
‘’tissage’’ des connaissances (modèles, données, informations …) nous
fait glisser d’un référentiel ‘’euclidien’’ classique de description
analytique des systèmes à un référentiel ‘’hermitien’’ de construction
de points de vue ciblés et d’ordonnancement et d’exploitation de ces
connaissances suivant des axes de projection pertinents.
Cette journée est destinée aux experts, ingénieurs, chercheurs,
industriels, universitaires ou consultants confrontés à la maîtrise des
risques et à la sûreté de fonctionnement de systèmes complexes et qui
souhaitent développer de nouvelles approches d’évaluation des
risques, les approches ‘’classiques’’ s’avérant insuffisantes.
Pour en savoire plus : www.imdr.eu